Présentation de l'Édition Nationale

Le 5 mars 1884, Victor Hugo signe avec les éditeurs Jules Lemonnyer et Émile Testard un traité qui leur concède le « droit exclusif d’exploitation des œuvres complètes dans le format in-4° » 1 . L’entreprise « artistique et monumentale » de l’Édition Nationale peut ainsi commencer. Mais suite à la mort de l’auteur le 22 mai 1885, l’édition illustrée est très vite pensée comme un hommage à « l’homme océan » : des artistes célèbres mettent le talent de leur crayon au service de la plume du Génie disparu.

Paul Meurice, exécuteur testamentaire de l’œuvre littéraire de Hugo, suit alors avec attention l’association de l’éditeur J. Lemonnyer, de l’imprimeur G. Richard et de É. Testard qui souhaite faire de ces Œuvres complètes une « personnification complète de l’art français » rayonnant en cette fin de siècle. L’histoire éditoriale est pour le moins mouvementée puisque dès le septième volume, J. Lemonnyer abandonne le projet qui le mène à la faillite. Les éditions suivantes ne présenteront que le nom de Émile Testard qui possédait à l’origine une entreprise de brochage. Ce dernier fonde alors sa propre maison d’édition et se positionne à la tête de la direction éditoriale. L’appellation « Édition Nationale » désigne donc à la fois l’édition illustrée d’amateurs consacrée aux Œuvres complètes de Victor Hugo mais aussi la maison d’édition créée par Émile Testard.

Au croisement entre littérature, histoire de l’art et histoire de l’édition, notre objet d’étude est donc constitué de quarante-trois volumes parus de 1885 à 1895 et classés par les éditeurs selon sept catégories : Poésie [A], Drame [B], Roman [C], Histoire [D], Philosophie [E], Actes et paroles [F] et Voyages [G]. Les textes publiés correspondent à ceux de l’édition Hetzel-Quantin dite « définitive » ou « ne varietur » si bien que l’Édition Nationale n’inclut pas les œuvres posthumes, telles les Correspondances, qui paraîtront dans les éditions postérieures.